L'intérêt que la culture japonaise porte aux relations corps / esprit
réflète des influences provenant, entre autres, du monde Indien :
Le bouddhisme lui-même, apporté à la Chine par le moine indien Bodhidharma
(Vème siècle de notre ère), y fut réinterprété, puis aboutit au Japon sous sa forme Zen.
Déjà, à la suite des conquêtes d'Alexandre le Grand (IVème siècle avant J-C), et durant
près d'un millénaire, l'art Greco-Bouddhiste de royaumes tels Bactria et Gandhara
avait essaimé vers l'Asie, et devait marquer profondément la statuaire japonaise.
Mais bien d'autres traces atteste de ces échanges :
l'importance des postures et de la gestuelle
(qui ont marqué certaines écoles d'armes),
des aspects de la médecine traditionnelle, le rôle accordé à la respiration,
les techniques de massage...
"Bouddha d'Oseberg"
Musée d'Oslo
|
En fait, l'Est et l'Ouest ont dialogué depuis l'aube de l'Histoire
(probablement depuis la découverte
des alliages métalliques et en particulier du bronze,
actuellement supposée avoir eu lieu en Turquie et Mesopotamie
vers -3 000 avant notre ère).
|
"Pélerins arrivant au Ciel"
bas-relief de la cathédrale d'Autun (XIIème)
|
Les routes commerciales terrestres reliant la Chine, l'Inde du Nord
et le monde méditerranéen sont attestées depuis que Rome s'est affirmée
comme pôle commercial attractif. Ces itinéraires, désignés par
l'expression "Route de la Soie", ont véhiculé
des produits précieux et des idées durant 2 000 ans, c'est-à-dire
jusqu'à la prise de Constantinople par les Turcs, au XVème siècle.
Or durant deux siècles (du milieu du IXème au milieu du XIème) cette
Route de la soie communiqua, essentiellement via Constantinople, avec le circuit
commercial des Vikings qui faisait le tour complet de l'Europe.
|
Moine laotien
portant à l'épaule
le "sac de bonze"
|
En jaune : le circuit commercial des Vikings, en rouge : la "Route de la soie"
(ne sont représentés que les itinéraires principaux).
Par l'Ouest, les "Normands" reprirent l'ancienne route maritime des Phéniciens qui reliait
Rome au nord de l'Europe (du moins jusqu'aux îles britanniques), avant de
se lancer à travers l'Atlantique (Islande, Groenland, Vinland).
Mais ils eurent aussi un périple Est-européen, et le fait
est peu connu en Europe occidentale.
Dénommés alors "Varègues" (ou "Rus'")
les Vikings utilisèrent les particularités du
système fluvial permettant de relier la Scandinavie
et l'empire byzantin : La Volga se jette dans la mer Caspienne,
le Dniepr dans la mer Noire, et un réseau de cours d'eau
permet, à partir de la mer Baltique, d'atteindre ces grands fleuves dont les
sources sont relativement proches.
Le choix de cet itinéraire complexe et périlleux vers Constantinople (difficiles explorations,
portage des drakkars entre les rivières, franchissement de rapides etc.)
s'explique probablement par les conflits qui opposaient alors le monde arabe et
l'empire byzantin, et qui rendaient aléatoire la circulation en Méditerranée.
Trigrammes
|
Rose (Catalogne)
|
S'ils laissèrent à l'Ouest le souvenir de pillards, les Vikings furent reconnus ailleurs
comme d'excellents commerçants (mercenaires à l'occasion)
et des organisateurs appréciés :
à la demande des populations slaves, leur chef Riourik fonda à Kiev
la première dynastie des Tsars, et ils donnèrent son nom à la Russie.
Puis ces vastes boucles furent abandonnées au profit d'autres routes
maritimes, à la recherche d'or et d'épices.
Mais les idées et les rêves continuèrent à circuler...