L'équipe des élèves étant fifty-fifty (Aïkidoka et Karatéka), nous « les » attendions d'un pied assez peu ferme, mais tout titillé(e)s de curiosité.

Dès les assouplissements, dépaysement : nous pouvions anticiper des points de fragilité différents, des sollicitations nouvelles, d'autres lignes de force et des courbatures originales.  

En deux heures, le professeur de Karate-Do nous initia, limpidement, à une classification de frappes (poings et pieds) et de parades. Les termes spécifiques ne furent introduits que dans la mesure où ils pouvaient nous être familiers : tsuki, mae giri, sen-no-sen ... Les autres restant simplement évoqués, pour ne pas nous noyer.

Nous avons découvert comment méthodiquement replier les phalanges, correctement placer le pouce, frapper avec les articulations de l'index et du majeur ; attaquer de face avec le bol du pied, ou pivoter et frapper latéralement avec le dessus du pied ou le tibia ... Quant aux parades, c'était un autre monde, et pour beaucoup, une découverte.  

Puis nous tâtâmes du « pao », sorte de  punching ball  carré, placé opportunément devant l'organe visé dont on préfère éviter la perforation. On impacta donc à tout va. Le tatami en vibra différemment.  

Et puis vint  le « combat libre » ... Et là c'était parti pour un jubilatoire délire : foin d'académisme ! Toute notre reconnaissance va à nos partenaires karatéka qui surent si bien, avec une infinie bienveillance et une perplexité non moindre, nous préserver de nos propres percussions hasardeuses et de nos parades fantaisistes.  

De retour dans les vestiaires, on papota ferme (en tous cas, chez les filles, j'en atteste), découvrant, un peu sidéré(e)s de part et d'autre, que cette chaleureuse et rare initiative induisait un autre regard sur nos pratiques réciproques et notre propre expérience.  

On s'est promis d'échanger à nouveau cette aventure intérieure, ce sel d'ailleurs et ce croisement d'horizons.