... et ses vagues.
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KOICHI TOHEI
藤平光一
(1920 - 2011)
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Découvrant l'aikido en 1939, à l'âge de 19 ans, il fut médusé
par l'usage que Moriei Ueshiba faisait de cette "non-force"
qui intéresse tant aujourd'hui, et il passa sa vie à
étudier systématiquement l'interaction du mental, de la tonicité et de la relaxation.
A partir de 1953, il fut chargé d'introduire l'Aikido à Hawai, puis aux Etats-Unis. Du haut de ses "5 pieds 4 pouces" (1,62 m), de démonstrations en exhibitions, il fut confronté aux lutteurs et judoka locaux, et, progressivement, convainquit. Face aux interprétations irrationnelles (voire aux fraudes) auxquelles les références mystiques et ésotériques de son maître pouvaient donner prise, il s'était autorisé agacements ostensibles et franc-parler : Tohei sensei s'insurgeait contre toute dérive occultiste, mais il pensait, comme le Fondateur, que chacun avait plus ou moins consciemment le Ki du vieux Japon, "l'essence de l'univers", boulonné dans le hara. Il a cherché à le faire découvrir avec des mots simples, pour l'épanouissement de tous, et pour que l'aikido ne devienne pas une simple collection de techniques formelles. Mais le Japon de l'après-guerre traversait une crise identitaire, et les racines du futur n'étaient plus, pour un temps, au goût du jour. Après la mort du Fondateur, les relations se tendirent avec Kisshomaru Ueshiba, et la rupture fut consommée en 1974. Le nouveau doshu imposa aux pratiquants de choisir entre l'Aikikai et Tohei, et son nom fut effacé des tablettes officielles. Stanley Pranin fut confronté à ce dilemne et témoigna de son profond malaise. Par la suite, ne craignant pas de lever un coin du voile sur des pages sombres de l'Aikido et la violence de cette période, il écrivit plusieurs articles vigoureux pour rétablir la vérité concernant le rôle réel de celui qui avait été le premier 10ème dan et l'instructeur en chef du Hombu dojo durant 18 ans. Koichi Tohei se retira alors, modeste (peut-être) et réservé (longtemps), pour développer sa méthode fondée sur "la coordination du corps et de l'esprit". Actuellement, 89 "Ki Societies" existent en dehors du Japon, principalement aux Amériques (du Nord et Latine), dans le monde anglo-saxon (Grande Bretagne, Australie), en Asie, et Europe de l'Est. Mais Tohei shihan reste quasiment inconnu en Europe latine. "Comment veux-tu que les dieux s'investissent dans un ivrogne comme toi !" lui avait un jour tonné OS. Ce chenapan invétéré avait pourtant compris la voie secrète de son maître en s'astreignant, à longueur de nuits, à l'ascèse du zazen, du misogi et du yoga qui lui avaient permis de surmonter l'état maladif de son enfance et le choc métaphysique de la guerre. Chaleureux, bon vivant, et rigolard finalement très pudique, il n'a, semble-t-il, jamais ciré les bottes de personne. Peut-être, pour plus de stabilité, préférait-il lui-même marcher pieds nus sur le pont flottant du ciel.
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