Le samurai et son armure
Références du document : « Illustrations extraites du Tanki Yoriyaku (manuel du cavalier en armure) de Masahiro Mura, imprimé sur papier de riz , édition revue 1837 , The Metropolitan Museum or Art. »
Texte et images extraits de l’ouvrage : Le Japon Médiéval , Jonathan Norton LEONARD, Collection Time-Life 1969


HOMME DE GUERRE, le samurai noble symbolisait les idéaux de force et de courage qui étaient ceux de l'époque féodale.
le code du guerrier

Les guerres civiles qui ravagèrent le Japon au XIIème siècle marquèrent le triomphe de la force et de l'épée. de toutes les régions du pays, des hommes vinrent grossir les rangs des Taira et des Minamoto, les deux grandes familles qui se disputaient le pouvoir. Une nouvelle classe de nobles vit le jour : celle des farouches samurai. Les artisans mirent tous leurs talents à leur confectionner des armures et des épées dont la beauté n'avait d'égale que leur terrible efficacité. Comme le samurai représenté ci-dessus et qui est tiré d'un manuel sur le port de l'armure, le Japon tout entier avait revêtu sa cuirasse de guerre.

Mais il fallait plus qu'une épée et une cotte de mailles pour armer un samurai. Il leur fallait aussi des qualités qui formaient un code moral de courage et de loyauté analogue aux règles qu'observaient les féaux de l'Europe médiévale.

Le code, connu sous le nom de bushidô, ou "code du guerrier", exigeait une dévotion quasi religieuse à la vie militaire, en faisant de la souffrance physique la règle et de la mort héroïque sur le champ de bataille le but le plus noble.


Premières précautions
de défense

Le premier devoir du samurai était de mourir en se battant pour son seigneur. "Si tu penses à sauver ta vie", aurait dit un héros de légende, "mieux vaut ne pas partir en guerre". Pourtant, le guerrier japonais prenait la précaution de se vêtir d'une armure très savante et extrêmement efficace pour se protéger de l'épée de ses ennemis.
Le revêtement de l'armure était une opération longue et compliquée. Le samurai commençait par se vêtir de toute une série de sous-vêtements ! Une bande-culotte spéciale, un kimono de linge fin ou de brocart et des culottes bouffantes. Les sous-vêtements servaient de rembourrage sur lequel venait se fixer l'armure au moyen de lanières.
LA BANDE-CULOTTE DE COTON remontant presque par dessus la poitrine était le premier sous-vêtement du samurai.


LE KIMONO A MANCHES COURTES était fixé confortablement à la taille par un noeud spécial.

L'autre moyen de défense était l'habileté au combat, qu'il avait acquise grâce à des années de sévère entraînement et qui allait lui donner la force morale et physique nécessaire. Le futur samurai passait d'abord entre les mains de maîtres archers et escrimeurs qui endurcissaient leur corps et leur esprit en les soumettant à des jeûnes prolongés et en les obligeant à faire pieds nus de longues marches dans la neige. Les épreuves devaient être subies sans un mot car, comme le dit un personnage d'une épopée japonaise, "quand un samurai a l'estomac vide, il est honteux d'avoir faim".


CE RAVISSANT BROCART au riche dessin de pivoines fut l'un des tissus utilisés pour la confection d'un kimono qui fut peut-être porté par un prince impérial du XIVème siècle.
LA CULOTTE BOUFFANTE portée sur le kimono laissait aux deux jambes une complète liberté de mouvement.


LES ROBUSTES JAMBIERES de toile ou de cuir étaient renforcées de lanières de fer qui protégeaient la jambe à l'avant.
Une armure souple
résistant aux chocs de la bataille


Malgré la rigueur de son entraînement, le samurai appliquait au combat des méthodes dont l'agilité et la souplesse ne sont pas sans rappeler la technique du moderne jujitsu ("l'art de la douceur") où la souplesse du mouvement l'emporte toujours sur la force brutale. Le même principe s'appliquait à la construction de l'armure qui protégeait efficacement le samurai en "cédant" sous les coups au lieu de leur offir une surface rigide.

Contrairement aux cuirasses européennes, aux plaques d'acier massives, la cuirasse japonaise était fait de minuscules écailles de fer laqué ou de lamelles fixées ensemble à l'aide fixées ensemble à l'aide cordons de soie, et formant un tissu métallique aussi souple d'une cotte de mailles mais beaucoup plus résitante.En plus de la souplesse, l'armure japonaise avait l'avantage d'être assez légère.
LES CUISSARDS AMOVIBLES que le samurai portait quand il était à cheval étaient ôtés quand il était à pied.


LES MANCHES METALLIQUES étaient faites de mailles et de lamelles de fer cousues sur un épais tissu.
GAINE-CORSET faite de lamelles de fer et de plaques pour les hanches

LA SURFACE EXTERNE de l'armure japonaise (en haut) était ornée de points multicolores en fils de soie tressés. Les tresses maintenaient des rangées de lamelles, que l'ont voit nettement sur l'envers de l'armure (en bas)


Tandis que les chevaliers d'Europe étaient à ce point gênés par leurs lourdes cuirasses d'acier qui'il fallait des palans pour les hisser sur le dos de leur cheval, l'armure d'un samurai ne pesait qu'une dizaine de kilos et lui permettait de bondir avec agilité à travers les rizières ou de franchir sans difficulté les murailles des places fortes. De plus, elle pouvait être repliée et mise dans une boîte et, si elle était coupée par une épée, elle pouvait être réparée en cousant de nouvelles lamelles.
PROTEGE-EPAULES faits de lamelles accrochés comme des épaulettes à la gaine-corset.

COL DE FER avec bavette de métal, protection supplémentaire contre la décapitation.
Coiffure destinée à terrifier l'ennemi

Au cours des combats singuliers qui caractérisaient les batailles japonaises, les samurai emportaient souvent comme trophée la tête de leurs ennemis les plus importants. Ils tranchaient ces têtes avec la plus petite de leurs deux épées qui leur servaient surtout à cet usage. Cette sinistre coutume incita les soldats à porter des casques et des collerets particulièrement résistants pour échapper à la décapitation. En plus du casque assemblé par rivets, les guerriers portaient des masques et des protège-cous spéciaux. Le masque avait généralement un aspect féroce destiné à intimider l'ennemi. (Même avant de mettre son masque, le samurai ci-dessous avait su donner une expression menaçante.)



Malgré cet aspect féroce, les guerriers observaient avant d'en venir aux mains toute une série de règles de politesse. Ils annonçaient leurs noms, ceux de leurs ancêtres et leurs hauts faits d'armes. Après le combat, le vainqueur complimentait souvent le vaincu pour sa bravoure avant de le décapiter. Cette courtoisie se prolongeait au-delà de la mort : Avant la bataille, le samurai brûlait de l'encens dans son casque pour que, s'il était décapité, sa tête pusse sentir bon.

CALOTTE DE COTON aidant à supporter le poids du casque, fixée sur le crâne du guerrier.

MASQUE menaçant en fer laqué et assez résistant pour briser la pointe d'une lance
CASQUE A VISIERE à bord métallique pour la protection du cou, complément de l'équipement du samurai.

CES BANDES DE METAL RIVEES protégeaient la tête du guerrier. Le bord fait de lamelles assemblées laisse apparaître les armes de la famille du guerrier.

SAMURAI S'ENFILANT rapidement dans son armure. suspendue à un crochet.
Toute une vie de préparation au combat
Se battre était la raison de vivre du samurai. Il lui fallait être prêt à tout moment à prendre les armes. Souvent, il n'aurait pas le temps de revêtir un à un tous les éléments de son armure et il lui faudrait les mettre tous en une seule opération comme on le voit faire ici.

La préparation au combat ne se limitait pas à l'équipement. Tout samurai digne de ce nom était à ce point endoctriné qu'il réagissait instinctivement à une attaque.

Un récit japonais nous raconte l'histoire d'un jeune samurai qui fut l'élève d'un escrimeur célèbre. Un jour, alors qu'il faisait cuire du riz, son maître lui asséna un coup à l'aide d'une épée en bois. Le maître répéta le traitement à n'importe quelle heure du jour et de la nuit jusqu'à ce que le jeune homme apprît à rester toujours sur ses gardes et celui-ci devint le plus grand escrimeur de son temps.

Lorsque le samurai avait maîtrisé les techniques de son art, il ne cessait jamais de les pratiquer. Il s'entraînait chaque jour et parcourait souvent le pays à la recherche de maîtres toujours plus exigeants. Sa dévotion à l'art de la guerre était totale et constante car, selon le code militaire, "un samurai doit vivre et mourir l'épée à la main... Il doit toujours être brave et prêt au combat".


COMMENCANT PAR UN COTE, ce guerrier endosse en hâte son armure qui a été au préalable assemblée sur un chevalet spécial.
DIFFICILE ACROBATIE pour le guerrier qui doit revêtir une armure sortie directement de sa boîte. Méthode utilisée uniquement dans les cas d'urgence.

MANCHE D'UN SEIGNEUR DE GUERRE faisant partie d'une armure dorée qui aurait appartenu à un chef de clan des Minamoto, l'une des grandes familles militaires au XIIème.

L'ouvrage "le Japon Médiéval" (dont sont extraits les images et le texte de cette page) est une étude très claire et synthétique de l'histoire politique de cette période complexe.
Ce livre déjà ancien est consultable (entre autres) :
  • à l'Espace Japon 9 rue de la Fontaine au Roi 75011 PARIS
    http://www.espacejapon.com
  • à la bibliothèque de la Maison de la culture du Japon 101 Quai Branly 75015 PARIS
    http://www.mcjp.asso.fr/biblo/index2.html
  • à la bibliothèque Beaubourg (Centre Pompidou) : cote : 952-5 LEO
    Catalogue : http://ssfed.ck.bpi.fr/Fede/Site/Typo3.asp?lang=FR
     :
  • Une autre source : Sur le site du dojo d'Aikido de Commentry, de remarquables estampes (les pages de l'ouvrage sont reproduites dans leur intégralité, le "rendu" en est saisissant) :
    http://pagesperso-orange.fr/aikido.commentry/estampes.htm